Chants musiques et polyphonie Corse
Le chant Corse
Le chant corse est une tradition orale et populaire issue d’une société villageoise où il a une fonction sociale, du lever au coucher du soleil. Tous les chants, et surtout la musique sacrée, se sont nourris d’influences extérieures : grecques, espagnoles, grégoriennes.
On distingue le chant monodique, chanté par une seule personne (« i lamenti », « i voceri », « i nanni »), et le chant polyphonique Corse qui est chanté avec plusieurs voix (au moins 3 : a siconda, u bassu, a terza). La polyphonie Corse est la référence traditionnelle, elle a accompagné le quotidien des paysans et des montagnards Corses. Ce sont des chants « a capella », moyen d’expression incontournable dans l’île, que ce soit pour exprimer les tourments ou la joie.
Les différents chants Corse
La « Paghjella »
Chant traditionnel Corse à trois voix, exprimé sous une forme poétique qui vient des hymnes de la liturgie. Strophe unique en 6 vers octosyllabiques, on pourrait la considérer comme un mini poème ou une micro pièce musicale d’une durée de 1mn30 environ.
Les trois voix vues plus haut sont :
A Siconda : c’est la voix principale (le baryton), celle qui donne le rythme, qui porte le chant. Les autres voix doivent s’intégrer avec harmonie autour de celle-ci.
A Terza : la tierce, est la voix la plus haute du trio. C’est l’ornement de la chanson, avec ses « ribuccati », qui confère une valeur orientale.
U Bassu : la basse, comme son nom l’indique est la voix la plus grave. Elle vient porter a seconda, et ajoute beaucoup de rondeurs à la chanson.
Le « Chjami e rispondi »
Les chanteurs s’interpellent et se répondent en réalisant des joutes poétiques improvisées. Autrefois les bergers Corses communiquaient entre eux de cette manière, d’une montagne à l’autre, leurs voix étaient portées par l’écho et le vent. Vous pouvez encore assister à ces joutes, notamment lors des fêtes de villages, où des adversaires improvisés s’en donnent à coeur joie.
Autour d’un sujet, qui peut être très banal, le duel poétique s’organise, les réponses doivent être pertinentes, et ce jusqu’à ce que l’un d’eux ne puisse plus donner suite et s’avoue vaincu. En règle générale la défaite vient à cause de la fatigue.
Les « Terzetti »
C’est également un chant à trois voix, avec une structure en couplets de trois vers. Le ton est poétique, les paroles sont principalement écrites en toscan et datent du moyen-âge.
Le « Lamentu » (lamentation)
La voix du chanteur exprime une complainte, d’amour malheureux, d’exil, d’une souffrance ou de la mort. C’est un chant émotionnel, il en fait frissonner l’auditoire. Dans le cas d’une mort violente, il s’agit de « Voceru », très bien décrit par Mérimée dans « Colomba ».
A Nanna (berceuse)
Chant lié à la vie, sous forme de berceuse poétique, elle est destinée à aider les enfants à s’endormir.
A Triberra (battage)
C’est un chant paysan lié au travail, qui invoque la générosité et l’abondance.
Chants et groupes polyphoniques Corse
Le chant polyphonique corse le plus connu est sans conteste le Diu vi salvi Regina (Dieu vous sauve Reine) qui est un chant d’Église, mais par dessus tout l’hymne reconnu depuis 1735 par le peuple corse.
Depuis les années 1980, il existe plusieurs groupes polyphoniques connus en France et en Europe dont :
- Canta u Populu Corsu
- l’Eternu
- l’alba
- L’arcusgi
- Tavagna
- I Chjami Aghjalesi
- I Muvrini
- A Filetta
- Barbara Furtuna
- Diana di l’Alba (co)
- Surghjenti
Et bien d’autres encore, comme les chanteurs solo, qui pratiquent davantage le chant que la polyphonie.
Ciucciarella
De fort belles voix ! Bravo Messieurs, votre chant me procure de belles émotions.